Émeutes en Nouvelle-Calédonie : chronologie de 15 jours de violences

La Nouvelle-Calédonie vit une période de violences depuis le 13 mai 2024
Depuis le 13 mai, la Nouvelle-Calédonie vit dans la violence. Sept victimes sont à déplorer depuis le début des émeutes. Barrages, incendies, pillages et affrontements ponctuent les journées et les nuits des Calédoniens, principalement dans Nouméa et son agglomération. Retour sur deux semaines de tension.

40 ans que la Nouvelle-Calédonie n’avait pas connu de telles violences. Les manifestations pacifiques contre le dégel du corps électoral ont laissé la place à des affrontements parfois meurtriers, des barrages et contre-barrages, des incendies et pillages, sur les communes du Grand Nouméa.  
Retour sur ces deux semaines d’événements. 
Découvrez ci-dessous une frise chronologique réalisée par Ambre Lefeivre et Sandra Machoro : 
 

Lundi 13 mai

Le jour de la bascule. À l’appel de la CCAT, les militants indépendantistes se mobilisent en divers points de l’archipel, d’autres érigent des barrages, notamment à Saint-Louis. Dans leur viseur : la réforme sur le dégel du corps électoral. Après avoir été adoptée par le Sénat, le projet de loi constitutionnelle va être soumis au vote des députés.
Dans l’après-midi, au Camp Est, trois gardiens sont pris en otage, l’un d’eux est grièvement blessé.

Invité du JT de NC la 1ère le haut-commissaire Louis Le Franc rejette à ce stade l'idée d'un couvre-feu qui "mobiliserait trop les forces de l’ordre” selon lui.

Le soir même, le Grand Nouméa s’embrase : les manifestants devenus émeutiers bloquent les routes, brûlent des dizaines d’entreprises et affrontent les forces de l’ordre.
Dans la nuit, une jeune femme de Boulouparis perd son bébé in utero, faute d’avoir pu rejoindre le Médipôle à temps. 

⇒⇒ A lire aussi : REPLAY. Manifestations contre le corps électoral : retour sur une journée de blocages et de tensions


 

Mardi 14 mai

Face à une situation qui se tend, les transports sont à l’arrêt. Plus de bus ni de taxis, les vols locaux et internationaux sont annulés, le Betico annule ses rotations. Les établissements scolaires sont fermés. 
Le haut-commissaire Louis le Franc instaure dès mardi soir un couvre-feu. 
Peine perdue, les violences reprennent de plus belle, avec de nouveaux incendies, de nouveaux affrontements, et une nouvelle tentative de mutinerie au Camp Est
Dans certains quartiers, les habitants affolés commencent à ériger des contre-barrages.

⇒⇒ A lire aussi : RECIT. Violences en Nouvelle-Calédonie : retour en 10 temps sur un mardi éprouvant

Mercredi 15 mai


À l’issue d’un conseil de défense, Emmanuel Macron décrète l’état d’urgence qui entre en vigueur au matin du 16 mai : parmi les mesures, l’envoi de renforts, le déploiement de l’armée pour sécuriser ports et aéroports, des assignations à résidence et l’interdiction de Tik tok, une première sur le territoire français.
Le même jour, l’Assemblée nationale adopte à une large majorité le projet de loi constitutionnelle. C’est un mercredi noir, les violences font 4 victimes : 3 civils, deux hommes de 19 et 36 ans et une jeune fille de 17 ans et un gendarme âgé de 22 ans
L’accès aux établissements de santé est compliqué voire impossible et la situation des personnes dialysées est particulièrement difficile. 
Quartiers bouclés, magasins fermés… les habitants du Grand Nouméa commencent à manquer de vivres et de médicaments. Mais la solidarité s’organise, notamment entre voisins et sur les réseaux sociaux.

⇒⇒ A lire aussi : REPLAY. Violences en Nouvelle-Calédonie : état d'urgence, quatre morts dont un gendarme, très nombreux barrages dans l'agglomération de Nouméa
 

Jeudi 16 mai


Un gendarme meurt à la caserne Bailly, lors des préparatifs d’un départ en mission. Il est touché par un tir accidentel.
Le gouvernement annonce de nouveaux renforts. 

⇒⇒ A lire aussi : REPLAY. Violences en Nouvelle-Calédonie : le bilan humain est passé cinq morts, Gabriel Attal annonce un millier de forces de sécurité supplémentaires en cours de déploiement

Vendredi 17 mai 


Le lendemain, des échanges de coups de feu sur un barrage à Kaala-Gomen font un mort et deux blessés, portant à six le nombre de victimes. 
Le soir même, le premier ministre Gabriel Attal réunit plusieurs personnalités politiques à Matignon pour tenter de trouver une sortie de crise. 

⇒⇒ A lire aussi : REPLAY. Émeutes en Nouvelle-Calédonie : arrivée massive de renforts, procédures criminelles en cours, vols d'Aircalin suspendus jusqu'au 21 mai

Dimanche 19 mai 


600 gendarmes dégagent l’axe routier entre Nouméa et l’aéroport de la Tontouta, sans pour autant rétablir la libre circulation. Une soixantaine de barrages sont démantelés, mais beaucoup sont remis après le passage des forces de l’ordre. 
⇒⇒ A lire aussi : REPLAY. Émeutes en Nouvelle-Calédonie : une mission du dialogue envisagée, la solidarité s’organise, un sixième décès à déplorer

⇒⇒ A lire aussi : REPLAY. Emeutes en Nouvelle-Calédonie : l'axe Nouméa-Tontouta sous contrôle des forces de l'ordre, l'appel à la paix de l'archevêque de Nouméa

Lundi 20 mai


Le début de la deuxième semaine est marqué par un apaisement relatif : tandis que des drapeaux blancs fleurissent sur les barrages, les livraisons reprennent tant bien que mal dans les commerces épargnés.

⇒⇒ A lire aussi : REPLAY. Emeutes en Nouvelle-Calédonie : "Nous allons reconstruire" promet le gouvernement, l'aéroport restera fermé jusqu'au 23 mai

Mardi 21 mai


La venue d’Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie est annoncée à l’issue du conseil des ministres. 
L’Australie et la Nouvelle-Zélande commencent l’évacuation de leurs ressortissants par avions militaires.
Des pillages et des incendies sont toujours constatés dans l’agglomération. Des automobilistes sont braqués à des barrages et leurs véhicules dérobés. 
Les mairies commencent à s’organiser pour la collecte des déchets ménagers qui s’accumulent dans les quartiers. 

⇒⇒ A lire aussi : REPLAY. Émeutes en Nouvelle-Calédonie : arrivée imminente du chef de l'État, évacuation de touristes étrangers et aéroport fermé jusqu'au 25 mai

Mercredi 22 mai 


La Nouvelle-Calédonie est touchée par une cyber-attaque. Une "attaque extérieure avec pour but de saturer le réseau internet calédonien. L' Etat et l'OPT ont réussi à la stopper avant qu'elle ne se fasse” indique le gouvernement. 
Les élèves originaires du Nord scolarisés en province Sud sont rapatriés par le Betico au port de Vavouto. 

⇒⇒ A lire aussi : REPLAY. Emeutes en Nouvelle-Calédonie : Emmanuel Macron attendu jeudi matin à Nouméa, cyberattaque massive selon le gouvernement, 90 barrages neutralisés

Jeudi 23 mai 


Emmanuel Macron arrive, entouré de trois ministres (Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu et Marie Guévenoux) et de trois hauts fonctionnaires. Lors d’une journée marathon, il affirme son soutien aux forces de l’ordre, rencontre les acteurs économiques particulièrement touchés depuis le début les émeutes, puis les différents leaders politiques. A l’issue de ces entrevues, le chef de l’Etat, promet le retour à l’ordre et annonce des fonds pour aider entreprises et salariés. Sur le plan politique, pas de retrait du texte sur le dégel du corps électoral, mais un délai de quelques semaines pour permettre aux politiques locaux d’aboutir à un accord global qui se substituera de fait au projet de loi constitutionnelle.
Au lendemain de cette visite, la CCAT, puis les partis indépendantistes acceptent de “desserrer l’étau”.

⇒⇒ A lire aussi : REPLAY. Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie : revivez la "journée de concertation" vécue par le président de la République

⇒⇒ A lire aussi : Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie : "Ce n’est pas le Far West, la République doit apporter la sécurité à chacun" (entretien à NC la 1ère) 

Vendredi 24 mai 


Hélas, un affrontement entre émeutiers et deux policiers qui n’étaient pas en service fait vendredi une nouvelle victime à Dumbéa, un homme de 48 ans, portant à sept le nombre total de décès.
Le gouvernement confirme que les établissements scolaires resteront fermés jusqu’au retour des vacances scolaires le 17 juin. 
Le Betico reprend des rotations, pour évacuer des personnes bloquées. 
Des évacuations se poursuivent avec notamment le rapatriement d’étudiants au Vanuatu

⇒⇒ A lire aussi : REPLAY. Émeutes en Nouvelle-Calédonie : une septième victime tuée par balle, quelques heures après le départ d'Emmanuel Macron

Samedi 25 et dimanche 26 mai


Malgré la destruction de plusieurs maisons, notamment à Kaméré, le deuxième week-end est globalement plus calme. Les forces de l’ordre dégagent plusieurs quartiers jusqu’à enclavés et libèrent les accès aux deux grands centres hospitaliers, le Médipôle et la clinique Kuindo-Magnin. 
La mission de médiation confiée par Emmanuel Macron trois hauts fonctionnaires commence son travail pour tenter de renouer les fils du dialogue.  

⇒⇒ A lire aussi : EN IMAGES. Emeutes en Nouvelle-Calédonie : Ducos, une presqu'île sinistrée et très isolée depuis quinze jours

⇒⇒ A lire aussi : Émeutes en Nouvelle-Calédonie : pour le maire de Dumbéa, "il est important d'apaiser le climat pour retrouver une liberté de circuler"

Lundi 27 mai


Emmanuel Macron a décidé de ne pas reconduire l’état d’urgence qui arrivait à son terme. Il prendra fin à 5h, le mardi 28 mai. Mais le couvre-feu, lui, est maintenu

Ce lundi, certains services reprennent avec par exemple des agences bancaires et des agences de l'OPT qui ouvrent. 
L’aéroport de la Tontouta restera fermé jusqu’au 2 juin. Mais les évacuations se poursuivent comme pour les Polynésiens qui commencent à être rapatriés par avion militaire vers Papeete. Des Calédoniens bloqués en Polynésie devraient par le même avion regagner la Nouvelle-Calédonie en retour. 

⇒⇒ A lire aussi : Émeutes en Nouvelle-Calédonie : à Kaméré l'inquiétude demeure malgré le démantèlement des barrages